Dortmund, de la faillite au dernier carré européen

Dortmund, de la faillite au dernier carré européen

les joueurs de Dortmund célèbrent le 9 avril leur qualification pour les demi-finales de la Ligue des Champions - Frank Augstein/AP

Proche de la banqueroute en 2005, le BVB est redevenu un club qui gagne. De l’argent. Et des matches.

Panique sur la ville. Devant l’engouement phénoménal suscité par la première demi-finale de C1 de Dortmund depuis 1998, la police a dû intervenir la semaine dernière afin de maîtriser les bouillonnants supporteurs du Borussia en quête d’un précieux sésame pour soutenir les Swcharzgelben (noir et jaune) face au Real Madrid, ce mercredi soir, au Signal Iduna Park. Un miracle en soi. Huit ans auparavant, le Borussia était effet plus proche de la rétrogradation au niveau amateur que du firmament européen. Au bord de la faillite en 2005, le BVB (Ballspiel Verein Borussia) avait ainsi été contraint de vendre 75 % de son stade cathédrale à une société immobilière filiale de la Commerzbank.

Sauvé par ses fans
Creusant sa dette à plus de 120 M€ après la curée de l’exercice 2004-2005 (55 M€ de déficit), le club sacré champion d’Europe en 1997 n’avait dû son salut qu’à l’activisme de ses fans. Leur campagne de sensibilisation auprès des entrepreneurs et des autorités publiques locales avait ainsi permis de différer de deux ans le paiement d’intérêts astronomiques et du loyer du stade (17 M€ annuels). Le solide plan d’assainissement des finances du club présenté par la nouvelle équipe dirigeante avait surtout été approuvé par ses principaux créanciers. Depuis, Dortmund a opéré un redressement spectaculaire en développant un modèle économique pérenne et en reconstruisant une escouade à la fois compétitive et enchanteresse.

Sur le plan comptable, le club a ainsi réalisé des profits substantiels à l’issue des deux dernières saisons (9,50 M€ en 2011, 37 M€ en 2012). Entre 2006 et 2012, le club a surtout réduit méthodiquement son niveau d’endettement (de 150 M€ à 42 M€). En contractant un prêt de 79 M€ sur 15 ans avec la banque Morgan Stanley, dont 57 M€ ont été aussitôt réinjectés pour racheter les parts de son stade. Puis en signant en 2008 un nouveau contrat de 50 M€ sur 12 ans avec la société de marketing Sportfive. Cet apport de cash servant à rembourser Morgan Stanley bien avant l’échéance. Adossé à des comptes apurés, Dortmund a ainsi pu développer une politique sportive ambitieuse, mais peu onéreuse.

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Sur les trois dernières saisons, la balance des transferts du club est déficitaire de seulement 2 M€. Une anomalie dans le cénacle très fermé des ténors de la Bundesliga et a fortiori de la C1. En s’appuyant sur son centre de formation (Götze, Sahin, Grosskreutz, Schmelzer) et en recrutant des espoirs à fort potentiel (Bender, Hummels Lewandowski, Reus, acheté 17 M€ l’été dernier), le club de Westphalie a conquis l’Allemagne (champion en 2011, puis le premier doublé de son histoire en 2012) avant de bousculer la hiérarchie européenne.